Depuis peu, un parchemin avait été placardé dans chaque salle commune. L'ancien et soporifique professeur d'Histoire de la magie, Cuthbert Binns, serait remplacé par la nouvelle directrice de maison des Gryffondors, Amélia Svana. Cuthbert Binns ayant passé les mille ans suivant sa mort sur le lieu de celle-ci, il pouvait dès à présent s'en aller sur les lieux où il était né, où il avait grandi, etc... Les élèves devaient en être fort intrigué, d'ailleurs, car on n'avait qu'entraperçu la nouvelle professeur et directrice des Gryffondors. Tous devaient avoir hâte de connaître le type de cours qu'elle allait dispenser, en remplacement du monotone Binns.

Pour des raisons pratiques, le cours d'Histoire de la Magie serait dispensé à la même heure pour tous les élèves. Un mercredi soir, où il n'y avait pas d'autre cours pour aucuns des élèves de Poudlard, de la première à la Septième année, que ce soit Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle ou Serpentard. Amélia avait magiquement agrandi la salle, afin d'accueillir tous les élèves sans soucis. Les tables et chaises avaient été multipliés. Et le décor.. Les simples murs de pierre avaient disparus sous les tentures sombres qui les couvraient. Les fenêtres ressortaient, éclatantes le jour, dans cette atmosphère obscure. Mais ce n'était que provisoire. Un sortilège venu d'Inde permettait à Amélia de donner à la salle l'aspect qu'elle désirait. Les tentures servaient de support pour "projeter" certains décors.

Ce mercredi tant attendu arriva enfin, et la jeune professeur entendait les élèves affluer dans le couloir, près de la porte. Un dernier regard dans le miroir dos à son bureau lui renvoya un reflet parfait, tel qu'elle l'espérait. Elle ne portait pas l'habituel uniforme de Poudlard que les professeurs portaient. Elle avait enfilé un jean de type slim, troué artistiquement, sombre et admirablement moulant, accompagné d'un top dos-nu, noir, sans manche, décolleté plongeant mais de manière décente malgré tout. On pouvait voir son tatouage prouvant son appartenance aux mangemorts. Elle ne le cachait pas. Elle avait malgré tout dissimulé le second, pour ne pas trop en faire pour ce premier cours. Elle le dévoilerait plus tard. D'un coup de baguette, un voile noir masqua le miroir d'époque victorienne, en la porte s'ouvrit en grand. Les élèves durent marquer un temps d'arrêt, car elle n'entendit plus aucun bavardage, mais finirent par entrer pour s'installer. Quelques uns tentèrent de se mélanger aux autres maisons, mais dans l'ensemble, on distinguait bien le clivage des maisons.

Lorsque tout le monde fut installé, Amélia referma la porte de ce même coup de baguette. Le silence se fit peu à peu. L'unique chandelle de la pièce éclairait le bureau de la jeune professeur d'une lueur tremblotante.

« Bonjour à tous. Je suis Amélia Narcissa Svana, votre nouvelle professeur d'Histoire de la Magie. Ayant déjà eu sept ans de cours avec Mr Binns, je sais ce que vous avez endurer jusqu'à présent. Rassurez-vous, mon cours sera bien plus fascinant. L'essentiel, ce n'est pas que vous grattiez toute l'heure pour prendre le plus de notes possible. L'essentiel, c'est que vous "viviez" l'Histoire, comme si vous y étiez. Que ça s'imprime en lettres de feu dans votre être. Et c'est pourquoi mon cours sera un peu particulier. Vous ne prendrez pas de notes. Vous aurez le cours, déjà écrit, sur des parchemins déjà préparés par mes soins. Comme ça, vous serez concentré sur le cours en lui-même, et les plus acharnés auront de quoi remplir leurs sacs. »

D'un geste, son nom s'était écrit sur le tableau noir derrière elle, en lettres scintillantes. Puis, lorsqu'elle eut fini de parler, un tas de parchemins sortit d'un placard et chaque élève en vit un se poser sur sa table. Le titre s'étalais en gras, au centre.


Amélia frappa dans ses mains et la chandelle s'éteignit.

« Maintenant, place au cours en lui-même. Si vous avez des questions, notez-les sur un bout de papier et vous me les poserez à la fin de ce cours de deux heures d'introduction. »

Elle exécuta une grande arabesque avec sa baguette, et les élèves purent voir la salle changer. Les draperies sur les murs semblèrent disparaître, laissant place à un vaste champs avec, en arrière-plan, un château-fort dominant un petit village en contrebas. Camelot. La voix d'Amélia s'éleva. Et alors que l'attention des élèves s'était portée sur les murs, elle revint vers la jeune femme. Disparue la tenue des années 2 000. Elle ressemblait à présent à une Dame du temps des chevaliers de Camelot. Une longue robe écarlate moulait son corps, avec une ceinture de pierreries à la taille et un décolleté carré, s'évasant sur ses épaules. Les longues manches évasées masquaient son tatouage. Ses longs cheveux blonds étaient dénoués et l'illusion les allongeaient encore un peu plus. Les élèves eux-aussi étaient vêtus à la mode médiévale, même si ce n'était qu'une illusion, comme le soleil qui brillait au plafond.

« Nous ne sommes pas tout à fait aux origines de la magie. Mais à vrai dire, les origines sont diffuses. On assiste aux véritables manifestations magiques seulement au temps du Grand Merlin, quelques siècles avant la naissance des fondateurs de Poudlard. C'est vers le cinquième siècle qu'il y a une organisation des êtres dotés de magie. A cette époque, on les connaît sous le nom de "Druides" ou "Enchanteurs". Le terme "Sorcière" n'est employé que pour qualifier les exactions de personnes avec de mauvaises intentions. La population dépourvue de magie accepte cependant de bonne grâce ces gens dotés de ces particularités. »

Le décor changea légèrement. La salle ressemblait à présent à la salle du trône du château. Sur les murs, on voyait des nobles parcourir la pièce. Assis sur un trône, un homme à la longue chevelure brune, lui arrivant en-dessous des épaules, avec la tête ceinte d'un bandeau d'or, observait sa cour tout en écoutant un homme de taille haute, posté debout à côté du trône, avec une longue barbe argentée, assorti à sa chevelure tout aussi longue. Merlin lui-même.

« Merlin, tel qu'il est décrit par les multiples récits. Il fit beaucoup, autant pour les moldus comme le Roi Arthur que pour les sorciers. C'est lui qui instaura la séparation des deux mondes lorsque les sorciers prirent la grosse tête et essayèrent de réduire la population moldue en esclavage. C'est à cette époque qu'est né l'ancêtre du Ministère de la Magie. Il a été baptisé "Le Conseil des Mages". Il était composé de Merlin lui-même, des quelques chevaliers de la table ronde qui étaient sorciers, et de deux Dames. Morgane la fée, la soeur du roi Arthur, et Dame Viviane, la dame du lac. »

Les deux femmes sus-nommées entrèrent dans la salle du trône, altières, élégantes.

« A cette époque, les femmes pratiquant la magie étaient peu nombreuses à être connues, même si cet état de fait changea quelques décennies plus tard. »

Pour le moment, Amélia n'avait rien à redire. La nouveauté devait tenir les élèves en haleine. Elle avait hâte de leur montrer la première grande guerre magique.